Médecine : l’examen d’Anatomie ou le baptême de feu

Considéré comme un des piliers, un prérequis indispensable pour l’apprentissage de la Médecine, le cours d’Anatomie n’a cessé de faire parler de lui au fil du temps. Quelle marque, la préparation et la passation de l’examen de ce cours laissent-elles aux carabins ?

Date exacte inconnue…

Je suis dans une petite salle du Campus Kamenge, un des campus de l’Université du Burundi. Il est 23h45, je remballe mes notes du cours d’Anatomie. Direction, les homes pour me reposer. La journée avait été longue et particulièrement fatigante. C’était à J-2 de l’examen. A quelques pas de là, je rencontre 2 filles et un garçon, des camarades de classe ; syllabus à la main, bien couverts (pull-overs avec capuchon, chaussettes longues,…) ; il faisait un peu froid la nuit. Ils étaient tout frais et prêts à commencer leur séance nocturne de révision. En gros, c’est ce qu’on appelle littéralement « travailler jour et nuit ». Nous nous sommes fait quelques 2 ou trois blagues puis un autre camarade nous a rejoints. Lui, il nous dit qu’il est en pause avant de reprendre une autre séance de 2 heures. Pas de long « ligala », nous nous sommes séparés très vite et chacun a pris sa direction.  Le temps était très précieux ces jours-là.

Tous les étudiants étaient en état d’alerte. Et il faut dire qu’il y avait de quoi avoir peur. Il était question d’apprendre l’architecture du corps humain dans les moindres détails : les muscles, les os, les nerfs, les vaisseaux, les viscères, etc. Résultat : 100 feuilles manuscrites à bosser dont près d’une centaine de schémas (planches anatomiques) à savoir reproduire à l’identique. A côté de cela, ceux qui nous avaient précédés à la Faculté rivalisaient de talents pour  raconter des histoires farfelues qui entretenaient le mythe de ce fameux cours d’Anatomie. Du mythe à la réalité, l’attente n’aura pas été longue. 48 heures après, c’était le jour J. La passation de l’examen de ce cours qui fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis des années, « ici comme à Paris ».

Un jour qui me marquera à jamais

J’avais programmé un réveille-matin sur mon téléphone pour 4 heures du matin. Il a sonné mais je ne l’ai pas entendu tellement je m’étais endormi très fatigué. Finalement je me suis réveillé à 6h05. L’inquiétude était grandissante car j’avais prévu de réviser 2 ou 3 trucs ; histoire de remettre les pendules à l’heure dans ma tête. Je me suis hâté de me diriger vers la salle d’examen. Nous étions environ 250 étudiants inscrits au rôle et aux cours en première année de Médecine. Cela dit trouver une place était une véritable chasse au trésor d’autant plus que le jour de l’examen, le banc  devrait être occupé par une seule personne. Je me suis retrouvé sur un banc qui se trouvait sur l’avant-dernière rangée. Une chance plutôt car arriver en classe à 6h45, c’était considéré comme un retard à voir le rythme que nous nous étions imposés ou plutôt qu’on nous avait imposé.

Très vite… j’ai commencé à parcourir  les notes pour réviser quelques notions essentielles mais en fait les 80 minutes qui ont séparé mon arrivée et celle du prof sont passées comme des secondes.

Le prof fait son entrée. Déjà son allure ne rassurait pas. Certains avaient passés pratiquement la nuit blanche en train de réviser. La fatigue, l’inquiétude et la peur pouvaient se lire sur les visages de ces jeunes étudiants.

Marche à grands pas, sous enveloppe fermée, le professeur tenait dans ses mains une feuille sur laquelle étaient inscrites les questions d’examen. « 1ère question… Bonjour  d’abord… » furent les premiers mots du maître avec un sourire discordant avec le reste de l’expression du visage. Il a lu toutes les questions. Les étudiants ne se sont pas abstenus de réagir à chaque question à coups de : « yooo, yayaya, mama wee, papappa » sans faire de trop de bruit évidemment. A la fin, un silence sépulcral s’est installé subitement. Ça y est, nous étions partis pour composer un des  examens les plus difficiles. Et ce n’était pas gagné.

Ce qui s’est passé ce jour-là ne sera pas sans  conséquences, simplement parce que ce cours était le seul à avoir un volume horaire de 90 heures. Ce qui le plaçait dans une position stratégique et dangereuse. L’examen s’est déroulé sans incident majeur.

Mais bon… Les dommages collatéraux, nous en reparlerons une autre fois.