Une soirée d’informatique médicale pour ouvrir le débat sur un sujet à facettes multiples

En soirée du 29 novembre 2018, les cadres des formations sanitaires, les partenaires techniques et financiers du domaine de la santé,  les informaticiens ou encore étudiants en sciences de la santé et en informatique s’étaient réunis à l’Institut Français du Burundi. C’était dans le cadre d’une soirée de réflexion organisée par l’Association Burundaise d’Informatique Médicale(ABIM) autour du thème : “ promesses et défis autour du partage de l’information médicale numérique dans un contexte multidisciplinaire au Burundi”.

Dans son allocution, Franck NZIZA, le président de l’Association Burundaise d’Informatique Médicale a souligné le pas franchi par le Burundi  en matière d’informatisation des services offerts par les établissements de soins. « Actuellement, plus d’une dizaine de structures sanitaires publiques (NDLR)  sont informatisées à des niveaux divers allant de la gestion administrative et financière à la gestion du dossier médical en passant par la gestion des outils diagnostics », a-t-il précisé. Le recteur de l’Université Lumière de Bujumbura, partenaire de la soirée, quant à lui n’a pas tari d’éloges à l’égard des partenaires techniques et financiers que sont Enabel, ICT4Development et BUV. Ces derniers ayant permis la réalisation d’une formation en cybersanté  en cours au sein de l’Université Lumière de Bujumbura.

Les orateurs de la soirée ont orienté leurs propos autour des sujets tels le partage des données de santé numérique, le cadre éthique et déontologique de celui-ci, la pratique courante dans le contexte du Burundi ainsi que le cas d’un hôpital de  deuxième référence nationale l’ère de l’informatisation, l’hôpital de Gitega en l’occurrence.

Une  régulation  est indispensable

Le Dr Frank Verbeke est revenu sur les conséquences techniques et humaines du partage de données de santé numérique. Celles-ci vont de la protection des accès en fonction  de la finalité de leur utilisation à l’information sur les droits du patient par rapport au traitement de données en passant par le renforcement d’une culture de la confidentialité et du secret professionnel, la possibilité de consultation des traitements par le patient ou encore la détection des accès non autorisés. D’où « le besoin d’un cadre normatif explicite et de directives opérationnelles comme point de référence pour les systèmes d’information et acteurs techniques, les professionnels de santé et les patients », a conclu ce haut cadre de l’organisation ICT4Development.

Au cadre légal  que presque tous les intervenants ont appelé de leurs vœux doit s’ajouter un cadre éthique et déontologique. C’est autour de ce dernier qu’a tourné le propos du Docteur Dieudonné NICAYENZI de l’Institut National de Santé Publique. En effet, selon ce spécialiste en Santé Publique « la loi décrit ce que la Santé Publique peut faire mais l’éthique en Santé Publique aide à déterminer ce que la Santé Publique devrait faire».

En attendant, le processus d’informatisation des établissements de soins au Burundi, lui, continue son bonhomme de chemin. Et selon madame Spès Ndayishimiye de l’Enabel, l’agence Belge de développement  qui est également bailleur dudit processus, les effets positifs sont déjà identifiables. Il s’agit essentiellement et entre autres de l’accès facile aux données avec les applications électroniques ainsi que la facilité de partage d’information entre cliniciens avec le dossier médical électronique. Quelques bémols toutefois.  En effet, les discordances des données rapportées dans les différents systèmes, la surcharge chez les personnes qui doivent enregistrer une même information plusieurs fois mais aussi le manque de normalisation pour les différents systèmes posent encore problème.

Des défis sur lesquels est revenu le Directeur Adjoint Chargé des Soins de l’Hôpital de Gitega en plus d’autres plus spécifiques à sa structure de soins. Le plus caractéristique de ces derniers étant l’absence dans le dossier patient de fonctionnalités relatives aux services spécialisés comme la prise en charge des fistules obstétricales dont l’Hôpital de Gitega est la référence.

Signalons enfin que la soirée d’informatique médicale s’inscrit dans une suite de soirées de réflexions que l’ABIM a organisé et compte poursuivre en vue de promouvoir et renforcer l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de la santé.