Première année de Médecine : une véritable préparation purgatorienne.

Du rêve d’enfant au médecin accompli en passant par le choix de la Faculté et la réussite de l’examen pour y accéder, il y a du chemin. Mais la première année de Médecine est un passage particulièrement périlleux où parfois le doute s’installe quant à ses capacités à poursuivre le cursus ou quel exemple prendre parmi ceux de ses ainés. Y a-t-il vraiment une recette unique ?

Après avoir réussi l’examen d’Etat, moi et certains de mes amis avions été directement orientés en Faculté de Médecine de l’Université du Burundi, celle que nous avions choisi presque aveuglement quelques mois plus tôt (vous vous souvenez sans doute de ces formulaires qu’on remplissait à l’école secondaire pour faire ses trois meilleurs choix de Faculté). Une consécration pour nous autres qui en avait tant rêvé. Une fois cette étape franchie, il en résultait un cocktail d’émotions allant de la joie à la peur en passant par la suprise.  Les traditionnels « bosseurs », les habitués de l’avance sur la matière avaient commencé à se renseigner sur la matière qui nous attend. Ils me parlaient déjà d’Anatomie. Mais moi j’avais préféré passer en « mode incognito » pour savourer le peu de jours heureux qui me restaient. Un jour, j’étais convié à une cérémonie de baptême chez un médecin, ami de la famille qui, du coup devient mon oncle (la tradition exige).  J’en ai profité pour écouter son histoire.

Tonton racontes-moi ? Comment c’était ta première année ?

Tout a commencé un certain matin du 4 Août 2003, à 7h précise ; racontai-t-il. Tête bien rasée, sur le chemin de la faculté, telle une star, tout le monde me dévisageait. Il fallait tout de même rester serein puisque ce qui m’attendait s’avérait encore plus délicat. Tout excité, j’étais arrivé à l’avance. C’est toujours ainsi avec « les puants ». Après la séance de bizutage, place au cours, c’était la Biochimie Structurale. C’était très amusant. Il faut dire qu’on ne s’ennuyait pas avec ce Prof. Les premiers jours, tout se passait bien. Chaque jour je révisais, j’avalais bien et je digérais parfaitement la matière. Cette dynamique n’aura été qu’éphémère ; plus les jours passaient plus j’avais une montagne de matière à réviser. Le rythme était devenu intenable et la matière de plus en plus indigeste. Pis encore, je passai à côté de mon premier examen. Rien n’était sorti, la feuille était remise presque vierge. Il va sans dire les quatre kilos que j’avais perdus. C’était le temps du doute. Suis-je à la hauteur ? Dois-je plier bagages ? Comment est-ce que les autres ont survécu ? Autant de questions qui me taraudaient l’esprit. 

 Tu étais tout près d’un burn-out, non ?

On peut le dire. Quand on est dépassé, on demande conseil. Malheureusement, les conseils sont parfois divergents. Le premier à qui j’avais demandé conseil m’avait dit : « Mais qu’est-ce que tu croyais ? En révisant à domicile, Il est pratiquement impossible de réussir. Tu dois déménager ici au Campus. C’est ainsi que nous tous avons réussi la première année. »  Et le deuxième : « Restes chez toi, mais utilise bien ton temps. C’est comme ça que j’ai réussi. »  Qui devrais-je croire ? Je me suis méfié de la transposition mécanique des expériences des autres et je me suis servi de l’amour que je portais pour la médecine ; véritable stratégie fourre-tout. A la guerre comme à la guerre ; je me suis accroché, j’ai adopté un arsenal de stratégies. Je suis tombé mais je me suis relevé et cela à plusieurs reprises. A la fin de l’histoire, me voici maintenant, médecin, maigre mais bien débout devant toi ; Avait-il finit en ajoutant

Et moi tout ému du récit de mon « oncle », j’ai retenu qu’il n’y a pas de recette magique et qu’avec une bonne dose de courage et la passion, on s’en sort victorieux en blouse blanche, stéthoscope au coup. 

Cet article est produit en partenariat avec l’Association Burundaise des Etudiants en Médecine (ABEM) via le Standing Committee on Medical Education (SCOME).