Mon premier jour de stages hospitaliers…

Au Burundi comme un peu partout dans le monde, le cursus médical est particulièrement long mais il n’y a pas de quoi se morfondre. Cela dit, il y a des moments qui vous marquent à jamais : voici le premier jour de stages hospitaliers vu par une étudiante en 4ème année de Médecine à l’Université du Burundi.

Un certain deuxième lundi du mois,  je me lève et le jour point à l’horizon. Tout juste avant mon départ, je vérifie dans mon sac le kit de stages hospitaliers : blouse blanche, stéthoscope, thermomètre, tensiomètre, carnet de notes  et un stylo bien sûr. Le compte est bon. Il est 7h30, à la fois hésitante et hâtive, je prends le départ en direction du Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge (Hôpital Roi Khaled) ; notre terrain de stages.

A mon arrivée, premier dilemme : me diriger directement dans mon service d’affectation ou passer  en classe (Eh oui nos salles de cours se trouvent à l’hôpital !) pour voir si mes camarades y sont. Je me dirige vers la classe où je retrouve quelques-uns de mes camarades eux aussi un peu désorientés : nous ne savions même pas  là où nous devrions nous diriger pour nous changer. Quelques mètres plus loin, nous sommes tombés sur une stagiaire qui venait de passer quelques jours en stages. Elle nous a montré la « chambre de garde » qui fait office de vestiaire. Nous en sommes sortis en blouses blanches flambant neuves, stéthoscopes autour du cou et autres accessoires dans nos poches. Avec toute la fierté qui va avec. Puis chacun s’est dirigé dans son secteur selon la répartition.

La découverte

Je m’attendais à un accueil du chef de service pour nous expliquer l’organisation du service, les règles de la maison quoi… Finalement, les infirmières nous ont dit que le chef était en mission à l’étranger. Le plan B : prendre les choses en main et s’organiser du mieux que l’on peut. Fort heureusement, un médecin du même service arrive et se présente puis nous explique brièvement comment les choses se passent. « Chaque matin, nous faisons le tour des salles pour voir comment se portent les malades » martèle le jeune médecin. Ensuite,  nous avons commencé ensemble ledit tour. Auprès de chaque malade, il fait lui-même l’interrogatoire en kirundi ou en swahili parfois. En gros, il était question de comprendre la maladie à l’origine de l’hospitalisation pour les nouveaux malades et évaluer l’évolution pour les anciens.

Nous autres, concentrés, attentifs, carnets et stylos à la main et un peu émus. La règle d’or : écouter et surtout observer les faits et gestes du médecin. Dans la foulée, j’ai appris, tant bien que mal, à prendre les paramètres vitaux : température, tension artérielle, fréquences respiratoire et cardiaque. Alors que je note quelques astuces et remarques jugées importantes, j’ai vite réalisé que la pratique était bien différente  des cours théoriques. J’ai compris que tout ce que j’avais accumulé comme connaissances durant les trois dernières années n’était qu’une infime partie de ce qui est requis avant de porter le titre de « Dr ».

Chaque fois qu’elle finissait d’échanger avec le patient, le médecin se tournait vers nous pour nous expliquer comment doit-être structuré un bon interrogatoire, mener l’examen physique mais aussi comprendre les mécanismes(physiopathologie) des maladies pour mieux les prendre en charge. Il nous posait de petites questions pour évaluer nos modestes connaissances. Le tour aura duré environ 1h voire 1h30 minutes.

Nous n’avons pas vu l’heure passer tellement c’était passionnant. Il est 12h 15, un peu fatiguée (rester debout pendant des plusieurs ne faisait pas partie de ma routine) mais je tiens bon. Un petit détour dans la chambre de garde, je remballe le matériel et je rentre. Une autre journée m’attendait le lendemain. Ces événements se déroulent entre 8h et 12h et rapportent mon premier jour d’expérience auprès des malades. Le point de départ d’un long périple…