Trop d’antibiotiques tuent l’antibiotique

Si les antibiotiques ont révolutionné la prise en charge des infections bactériennes au cours du vingtième siècle, aujourd’hui leur efficacité se trouve réduite voire absente à cause de leur utilisation abusive. Comment en sommes-nous arrivés là ?

Nous vous disions tantôt que l’Ibuprofène, le paracétamol et Co. ne sont pas des bonbons, eh bien les antibiotiques illustrent encore mieux cette réalité. Pour en avoir le coeur net, je vous raconte l’histoire d’une amie qui souffrait d’une infection urinaire. Le médecin lui  prescrit  des antibiotiques et elle rentre chez elle.  Deux jours plus tard, aucune amélioration. Le médecin décide alors de l’hospitaliser pour pousser les investigations. Plusieurs questions surgissent alors: est-ce les médicaments qui ne sont pas efficaces ? A-t-elle bien pris les médicaments ? Qui n’a pas bien fait sa part de boulot? Après quelques examens de laboratoires, personne n’est coupable finalement sauf que l’antibiotique n’est plus efficace contre la bactérie responsable de l’infection.  La résistance bactérienne, ça vous parle ?

La résistance aux antibiotiques se dit lorsque l’évolution des bactéries rend inefficaces les antibiotiques face aux infections bactériennes. Certaines deviennent imperméables à l’antibiotique ou bien modifient carrément la configuration de la cible de l’antibiotique. Enfin bref, tout un tas de mécanismes.

Les raisons et les inquiétudes

La principale raison est l’emploi excessif, voire abusif des antibiotiques. En effet, de la prescription à la légère des antibiotiques, en passant par le non-respect de la prescription médicale jusqu’à l’automédication ; l’usage excessif et sans règle des antibiotiques est sans équivoque. Mais pourquoi cet usage entraine des phénomènes de résistance ?

Certes l’usage des antibiotiques va tuer ou arrêter la multiplication de certaines bactéries mais d’autres vont échapper le filtre et développer des mécanismes leur permettant de survivre et par conséquent de s’adapter et résister. Plus on utilise les antibiotiques, plus les mécanismes de résistance se développent. Dans certains pays, il est devenu difficile de traiter certaines infections comme par exemple les  urinaires infections urinaires dites communautaires par des antibiotiques administrés par voie orale obligeant parfois le recours à des perfusions d’antibiotiques plus forts.

En tout cas les conclusions de nombreuses études sont alarmantes. L’usage des antibiotiques chez les animaux permettrait la transmission des bactéries résistantes à l’homme via l’alimentation, et pour couronner  le tout, on estime qu’en 2050 dix millions de personnes dans le monde mourront suite à la résistance aux antibiotiques, soit un mort toutes les trois secondes.

Dans certains cas les bactéries deviennent résistantes par mutation génétique et transmettent cette résistance à leurs descendances en se multipliant. Pire encore, elles peuvent la transmettre aux autres bactéries par simple contact.

A vrai dire il ya  un risque non négligeable que les médecins se retrouvent désarmés face aux infections bactériennes même banales comme l’était avant la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming. Préoccupant, non ?