Le diabète sucré : une facture trop salée

Nous vous le disions tantôt dans l’introduction de notre campagne que la Couverture Santé Universelle (CSU) n’est pas synonyme de gratuité. Mais  fait plutôt référence à des mécanismes de financement de la santé durables et équitables. Exemple à l’appui, cette troisième publication de la série #AmagaraKuriTwese fait le point sur le fardeau financier qui pèse sur les patients  et ses causes profondes.

Joséphine*, 30 ans est  une mère de quatre enfants. Elle a dû parcourir des centaines de kilomètres pour venir se faire soigner à Bujumbura. Quelques heures  après son hospitalisation, les médecins lui annoncent qu’elle souffre du diabète. Soulagée de connaître enfin la pathologie derrière son état de santé précaire depuis un certain temps, une autre nouvelle vient  remettre le moral de la jeune patiente au bas de l’échelle. Les médecins sont en train de lui expliquer que le diabète est une maladie chronique avec un traitement à vie et une hygiène de vie conséquente. En gros que c’est une maladie incurable mais que si elle suit les conseils, elle pourra vivre avec la maladie sans beaucoup de difficultés.

Une situation intenable

Quand nous l’avons rencontré au lendemain de sa deuxième hospitalisation en quelques mois, Joséphine lance un cri d’alarme.

 « Tantôt j’ai de l’argent et j’achète l’insuline, tantôt je n’en ai pas et je reçois aucun traitement. D’autres fois, je suis traité grâce au bon d’aide de la solidarité dont la validité est malheureusement  d’une courte durée» raconte Joséphine.

 « Même quand mon diabète sera équilibré, une fois chez moi, je ne sais pas comment  je vais m’en sortir. Déjà  quand je parviens à avoir de l’insuline, j’ai l’impression des fois que je vais tomber par terre. Les médecins m’ont dit que c’est probablement une hypoglycémie car ça arrive quand je n’ai pas eu suffisamment à manger» s’inquiète Joséphine.

Les histoires comme celle de Joséphine démontrent à quel point des mécanismes de financement de la santé visant la CSU pourraient changer radicalement la vie des milliers voire des millions de gens au Burundi.

Un financement insuffisant et  fortement dépendant de l’extérieur

D’après les comptes de la santé, le budget du gouvernement du Burundi alloué à la santé était passé de 7,8% en 2011 à 10 % en 2012 et 10.9% en 2013.  Malgré cette bonne lancée vers la mise en œuvre de la déclaration d’Abuja qui recommande d’allouer au moins 15% du budget national à la santé, le Burundi reste fortement dépendant du financement extérieur.  En 2013, le budget du gouvernement couvrait en grande partie les soins curatifs et l’administration et  les partenaires  finançaient 61% des soins curatifs et 93% des soins préventifs.

Face à ces défis, ne serait-il pas opportun de mettre en place une politique claire de financement de la santé garantissant la CSU ? Ne faudrait-il pas appliquer un système de collecte de fonds progressif donc équitable ? Que dire d’un régime d’assurance-maladie obligatoire augmentant le niveau de mutualisation des risques et diminuant ainsi les paiements directs pour les soins ?

Autant de pistes qui mériteraient une exploration minutieuse  avec un engagement de tous car nous voulons #AmagaraKuriTwese.

*Son nom a été modifié pour des raisons d’anonymat.

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