L’hépatite B: un vrai “sniper”
Avec environ 2 milliards de personnes infectées dans le monde et une prévalence estimée à 4,6 % en 2014 au Burundi, l’hépatite B est une maladie encore mal connue du grand public. Malgré cela, les conséquences désastreuses de cette maladie ne sont plus à démontrer d’où l’urgente nécessité de prévention au sens large. En voici quelques pistes.
J’ai connu Ali à l’école secondaire, en dixième année. Un bon matin, il nous annonce qu’il a perdu son oncle préféré dont il nous parlait souvent avec inquiétude. L’oncle d’Ali souffrait de l’hépatite B. Du moins ce qu’on disait dans l’entourage. Après l’enterrement, nous avons finalement entendu qu’il était mort de cancer du foie. Du coup, je suis restée confuse: le tonton d’Ali est-il mort d’hépatite B ou de cancer ? Entre temps, j’entendais chaque jour des anecdotes vagues sur l’hépatite B: la vaccination, les dangers des baisers ou du partage des les pailles pour les boissons, peignes,… Tout est finalement devenu limpide dans ma tête en troisième année de Médecine quand le professeur dispensait son cours sur les hépatites. A la fin, il nous a vivement recommandé de nous faire vacciner. ça a été comme un déclic et voilà ce qui m’a poussé à partager ce récit avec le public.
Qu’est-ce que l’hépatite B ?
L’hépatite B est une inflammation(une sorte de réaction localisée consécutive à une agression) du foie liée à une infection par un virus de l’hépatite de type B(VHB) Après la contamination, la personne infectée peut passer 6 semaines à 4 mois sans aucun signe(incubation). L’infection à VHB peut revêtir une forme aiguë plus ou moins sévère, voire fulminante; ou une forme chronique qui expose le malade au risque des complications graves comme la cirrhose ou le cancer du foie.
Comment se transmet-il ?
La transmission du VHB se fait principalement par voie sexuelle à travers les sécrétions biologiques en général et la salive de façon exceptionnelle; pendant la grossesse ou lors de l’accouchement(transmission mère-enfant); par des contacts avec le sang ou ses dérivés lors d’actes médicaux ( transfusion sanguine, chirurgie, soins dentaires,…) ou toxicomanie intraveineuse(échange de seringues), ou tatouage ou piercing(utilisation de matériel non stérilisé); des contacts dans la famille ou dans une collectivité. La transmission se fait souvent par le partage d’objets de toilette.
Comment sait-on si on a été infecté ou pas ?
Dans la majorité des cas, il n’existe pas de symptômes en phase aiguë. Quand il y en a, il s’agit d’une fatigue, des maux de tête, des douleurs musculaires, des urines foncées,… A ce stade, soit il y a une guérison spontanée soit il y a une passage à la phase chronique avec possibilité de survenue des complications déjà évoquées. Même à ce stade, en dehors de la fatigue chronique qui peut se présenter, aucun signe ne laisse penser à la maladie. Seul le dépistage permet de détecter les marqueurs du VHB dans le sang et affirmer la présence de l’hépatite B.
Comment peut-on se prévenir ?
La prévention est basée sur l’éviction des comportements à risque: rapports sexuels non protégés, usage des drogues, piercing, tatouages,…Sans oublier un dépistage pour connaître son statut*. A côté de cela, il existe un vaccin efficace contre le virus. Au Burundi, ce vaccin fait partie d’ailleurs du programme élargi de vaccination et disponible dans plusieurs structures de soins.
Quant au traitement de l’hépatite B, il existe des médicaments visant surtout à réduire la multiplication du virus et la stabilisation de l’immunité. Mais la maladie n’est pas curable. D’où l’intérêt de la prévention en amont de son apparition.
*L’hépatite B fait partie des infections sexuellement transmissibles et doit faire rechercher systématiquement une infection par le virus VIH et les autres infections sexuellement transmissibles comme la syphilis.